Avis de soutenance de thèse – Bernard Bamogo

Monsieur Bernard BAMOGO

Histoire moderne et contemporaine Soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés

"Planète Jeunes (1993-2014) : un magazine éducatif à la croisée de la francophonie, du catholicisme et du postcolonialisme"

dirigés par Messieurs Charles MERCIER et Jean-François BRUNEAUD

Soutenance prévue le jeudi 4 décembre 2025 à 13h30

Lieu - EPHE - Maison de l'Homme au 54 boulevard Raspail 75006 Paris - Salle 9

Composition du jury

Monsieur Jean-François Bruneaud, professeur en sociologie de l'éducation à l'université de Bordeaux (LACES), co-directeur de thèse. Madame Marie-Emmanuelle Chessel, directrice de recherche en histoire au CNRS (CSO, Sciences Po Paris), rapportrice. Monsieur David Douyère, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Tours (PRIM), rapporteur. Monsieur Charles Mercier, professeur en histoire contemporaine à l’université de Bordeaux (LACES), directeur de thèse. Monsieur Denis Pelletier, directeur d’études en histoire à l'EPHE (GSRL, CNRS), examinateur. Madame Corinne Valasik, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut catholique de Paris (GSRL), examinatrice.

Résumé

Publication franco-africaine diffusée de 1993 à 2014, principalement dans les pays francophones subsahariens, Planète Jeunes constitue un objet médiatique au croisement des logiques éducatives, culturelles, religieuses et géopolitiques. L’étude s’intéresse aux interactions entre l’héritage colonial et les politiques de la francophonie, envisagées à la fois dans leurs dimensions institutionnelle et linguistique. Elle analyse également les dynamiques locales de production et de réception de la presse, en particulier celle destinée à la jeunesse. Enfin, elle met en lumière les enjeux liés à l’affirmation du catholicisme dans les pays où le magazine était diffusé. Porté par le groupe d’édition français Bayard et bénéficiant du soutien du ministère français de la Coopération, le magazine parvint à capter un lectorat jeune et urbain. Il constitua toutefois un espace révélateur de tensions herméneutiques particulièrement fécondes pour l’analyse historique, des tensions entre sa centralisation décisionnelle parisienne, son appropriation par les acteurs africains auxquels il était destiné et l’engagement actif de la congrégation des Augustins de l’Assomption, dont l’appui s’inscrivait dans une stratégie d’influence cohérente avec ses intérêts dans la région. La problématique interroge les modalités selon lesquelles Planète Jeunes a simultanément constitué un vecteur d’échanges religieux et culturels tout en s’inscrivant dans le prolongement d’une logique postcoloniale au sein de l’espace médiatique francophone subsaharien. L’approche méthodologique privilégie une démarche plurielle articulant l’examen exhaustif du corpus et l’analyse des rubriques emblématiques de la publication, l’exploitation systématique des fonds d’archives institutionnelles ainsi que la conduite d’entretiens approfondis auprès d’anciens protagonistes du projet. S’agissant des résultats, ils révèlent une dualité fondamentale : d’une part, une plateforme d’expression privilégiée pour la jeunesse africaine, propice à l’épanouissement d’un sentiment d’appartenance francophone et à l’instauration d’un dialogue constructif autour des enjeux culturels et religieux ; d’autre part, un dispositif médiatique tributaire de la France et de ses réseaux sur les plans financier, logistique et idéologique. La cessation de publication du magazine en 2014 procède d’une conjonction de facteurs économiques, institutionnels et technologiques, parmi lesquels l’émergence des réseaux sociaux numériques et la fermeture des bureaux de Ouagadougou constituent des éléments déterminants. Finalement, Planète Jeunes apparaît comme un laboratoire médiatique particulièrement révélateur des défis inhérents à la francophonie contemporaine dans l’ensemble de ses dimensions, ainsi que des enjeux de la religion dans l’espace subsaharien francophone. L’analyse de cette publication permet également d’alimenter le débat postcolonial en mettant au jour les mécanismes de perpétuation des rapports de domination, grâce à une lecture lucide de l’héritage colonial.