Séminaire « Religion et Violence » 2025 – Séance 5 : Diane de Morais

Sous forme de tremplin pour jeunes chercheur-e-s, la prochaine séance du séminaire se déroulera le Jeudi 06.03.2025 à 10 heures en ligne à l'adresse suivante : https://meet.goto.com/gsrl/séminairereligionetviolence Nous aurons le plaisir d'écouter Diane De Morais (doctorante EPHE / UFBA) pour une intervention intitulée :

"A l'épreuve de l'ingratitude : ce que le candomblé peut nous apprendre de la parenté"

Cette communication repose sur un chapitre de thèse en cours, qui examine comment le sentiment d'ingratitude se manifeste dans les relations intergénérationnelles au sein d'une "famille" de candomblé, une religion afro-brésilienne. L'ethnographie porte sur une communauté présente au Brésil, au Portugal et en Italie, où chaque "terreiro" (maison de culte), dirigé par un "père" ou une "mère-de-saint", rassemble des initié e-s uni-e-s par des liens à la fois rituels et affectifs. Les membres d'une "famille-de-saint" se répartissent en deux groupes selon leur ancienneté d'initiation: les "fils" et "filles" d'un côté, les "pères" et "mères" de l'autre. La relation entre les deux est marquée par une hiérarchie très codifiée, fondée en grande partie sur le fait que les aîné e.s détiennent le savoir-faire rituel, tandis que les plus jeunes doivent encore l'acquérir. Cela étant, en contexte rituel, les "pères" et "mères-de-saint" expriment souvent leur souffrance face à ce qu'ils perçoivent comme de l'ingratitude de la part des initié-e.s, parfois due à des absences injustifiées, des salutations oubliées ou des paroles malvenues. Ces manquements sont alors perçus comme une forme de désengagement des "fils" et des "filles", en contraste avec l'investissement et les sacrifices personnels que les aîné e.s estiment avoir fournis pour eux. De fait, la récurrence de ces reproches soulève la question des obligations mutuelles entre générations et nous situe précisément dans cet espace de tension, difficile à cerner, où se joue le phénomène de réciprocité. Dès lors, le sentiment d'ingratitude apparait comme un prisme pertinent pour penser la relation de filiation, toujours en voie de redéfinition, alternant sans cesse entre complicité et affrontement. Un article pourra servir d'appui : Diane de Morais, « Le yao est 'fait' pour se reproduire ! » De l'intimité dans le candomblé », Lusotopie [En ligne], XX(1-2) | 2021, mis en ligne le 20 juin 2021. => https://doi.org/10.4000/lusotopie.1800 Cordialement, Y. Borjon-Privé, O. Calavia Saez, D. Ferrari et C La Cruz