Mardi 12 janvier 2021 – Soutenance de thèse de Pierre Baudry
Soutenance en visioconférence
Pierre BAUDRY soutiendra sa thèse de doctorat préparée sous la direction de M. Philippe PORTIER
- Jury : M. Philippe PORTIER, M. Hans STARK, M. Daniel BOURMAUD, M. Thierry BALZACQ, Mme Patricia COMMUN, Mme Sylvie TOSCER-ANGOT
Résumé
La présente thèse de doctorat porte sur la politique européenne des démocrates-chrétiens allemands et d’Angela Merkel pendant la crise de l’euro. Nous cherchons dans la présente étude à comprendre les facteurs de long terme qui expliquent l’attitude de l’Allemagne pendant la crise économique de 2007/2008 et la crise de la monnaie unique qui a suivi à partir de 2010. Dans quelle mesure peut-on affirmer que l’Allemagne n’a pas assumé ses responsabilités en Europe durant la crise de l’euro ? Estce que la politique d’austérité imposée à la Grèce n’est pas un exemple de l’apparente intransigeance allemande face aux pays du Sud de l’Europe pourtant en difficulté durant la crise de l’euro ? L’hypothèse que nous explorons consiste à partir du concept de dilemme de la mondialisation. Par cette notion, nous entendons le fait que les Etats-nations engagés dans la mondialisation sont confrontés à un dilemme. Soit ils acceptent un degré toujours plus important d’intégration économique et politique au plan international et obtiennent un accès aux marchés internationaux et bénéficient des avantages de la coopération internationale. Soit les Etats rejettent la coopération internationale et ils cherchent à maintenir l’essentiel de la décision politique au niveau de l’Etat nation : ils peuvent espérer maintenir les institutions démocratiques nationales au risque de l’isolement international. L’hypothèse directrice de la présente thèse est ainsi la suivante : la politique européenne de l’Allemagne pendant la crise de l’euro n’est pas caractérisée par une stratégie « austéritaire » unilatérale ou par la volonté de soumettre la Grèce à une politique « ordolibérale » brutale. Elle consiste plutôt à limiter le coût politique et économique de l’intégration européenne sans mettre en danger l’avenir de l’euro. Elle repose ainsi en des compromis entre le rejet des aides à la Grèce et à la zone euro et la volonté de sauver l’euro afin de limiter le coût de la mondialisation. Dans un premier temps, nous cherchons à montrer que la politique allemande va depuis les années 1990 dans le sens d’une adaptation grandissante à la mondialisation. Il y a un ainsi une volonté de s’adapter à la mondialisation au sein de la CDU/CSU, mais aussi au sein du SPD dès les années 1990 et qui aboutit aux réformes libérales sous le chancelier Gerhard Schröder. Mais dans un deuxième temps, nous avançons que le dilemme de la mondialisation aboutit à un décalage grandissant entre cette adaptation à la mondialisation et le coût qu’elle induit au plan national. Le premier signal majeur d’un rejet de ces politiques de démantelement de l’Etat social tient à l’apparition en 2007 d’un parti populiste de gauche, Die Linke. Enfin, dans la dernière partie de la thèse, nous voulons montrer que le paysage politique allemand change ainsi dès les années 2000 et on constate l’apparition de nouveaux partis « populistes » (Die Linke, Alternative für Deutschland), le recul des partis traditionnels (SPD, CDU/CSU) et le progrès des Verts. Ceci correspond au plan de la politique interne à l’expression d’un nouveau clivage entre les « souverainistes » qui rejettent l’intégration européenne et la mondialisation et les « cosmopolites » partisans de l’ouverture économique et de l’intégration dans la mondialisation. Le dilemme de la mondialisation travaille ainsi en profondeur l’Allemagne contemporaine, et ce sans doute plus que le projet de soumettre la Grèce à un projet ordolibéral autoritaire.