Jean Baubérot a accordé un entretien à l'Obs sur la polémique orchestrée par le ministère de l'éducation nationale concernant l'interdiction de l'abaya à l'école. Il y explique comment les législateurs avaient en 1905 refusé de légiférer sur le port de la soutane, par peur d'encourager les plus fondamentalistes à développer des stratégies de substitution, contrairement à ce que croient certaines personnalités politiques n'hésitant pas à invoquer Briand pour justifier l'actuelle interdiction. Il note aussi la focalisation machiste de l'attention sur le vêtement porté par les femmes, alors même que le qamis, son équivalent porté par les hommes n'a pas l'air d'hérisser l'opinion publique. Ce vêtement est pourtant lui aussi visé par l'interdiction du ministre. L'historien rappelle aussi que l'adolescence est un temps où l'on se construit en s'opposant, et à mettre tous les comportements dans le même sac on risque de "confondre des signes d'adolescence et des signes de radicalisation". Il s'interroge pour finir sur la viabilité de cette interdiction qui prendra vraisemblablement la forme d'une note de service, et n'aura donc aucune valeur juridique.   "Depuis dimanche, l’annonce, par le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, de l’interdiction générale de l’abaya à l’école fait débat. Pour commencer, qu’est-ce qu’une abaya (« robe » ou « manteau », en arabe) ? « Aucun chef d’établissement ne m’a demandé de définir ce qu’est une abaya, ils savent très bien ce que c’est », a répondu pour sa part Gabriel Attal. Est-elle une tenue assimilable à un vêtement religieux ? Et y avait-il nécessité de l’interdire ?"   Page de l'entretien : https://www.nouvelobs.com/idees/20230830.OBS77511/interdiction-de-l-abaya-a-l-ecole-pour-jean-bauberot-avec-une-telle-strategie-l-extremisme-a-de-beaux-jours-devant-lui.html