In Memoriam Kristofer Schipper

 

 

Le maître et le doyen des études taoïstes Kristofer Marinus Schipper (1934-2021) s’est éteint soudainement le 18 février 2021 à Amsterdam, à l’âge de 86 ans. Ancien membre de l’École française d’Extrême-Orient, Kristofer Schipper mena à Taiwan entre 1962 et 1970 les travaux de terrain sur la tradition liturgique vivante du taoïsme qui devaient nourrir un demi-siècle de recherches fondamentales sur « la haute religion de la Chine », transformer notre compréhension de la vie religieuse dans le monde chinois et rénover tout un pan des études sinologiques, tant en Occident qu’en Orient.

 

Membre de l’Académie royale néerlandaise des arts et des sciences, professeur émérite de l’université de Leyde, directeur d'études émérite de l’École pratique des hautes études et ancien directeur de l’Institut des hautes études chinoises du Collège de France (1987-1992), Kristofer Schipper fut responsable de deux groupes de recherche du CNRS : « Bibliographie taoïste » (1979-1985) et « Pékin ville sainte » (1996-1999).

 

Kristofer Schipper forma plusieurs générations de spécialistes des religions chinoises, dont nombre continuent à transmettre son legs aujourd’hui. Fourmillant d’intuitions irremplaçables et perspicaces, ses initiatives furent à l’origine de nombre de projets internationaux de recherche des plus fructueux. Outre ses travaux pionniers sur les textes et les rites taoïstes, la sinologie doit à Kristofer Schipper les meilleures présentations générales pour le taoïsme, à savoir Le corps taoïste et La religion chinoise ainsi que sa contribution essentielle à l’ouvrage collectif The Taoist canon, l’analyse historique et bibliographique du vaste canon dont il prit l’heureuse initiative, sans oublier la traduction complète et annotée du Zhuangzi, en néerlandais, et passion des dernières années de sa vie.

 

Kristofer Schipper laisse son épouse Yuan Bingling et leur fille Maya, ainsi que l’épouse d’une première union, Wendela, leurs deux filles Esther et Johanna, et plusieurs petits-enfants. La sinologie perd un immense savant, et ceux qui ont eu l’avantage de le côtoyer, un collègue et ami hors pair. 

 

Franciscus Verellen

 

 

(source : https://www.efeo.fr/base.php?code=987)