Appel à communication – « Sciences, pouvoir et discours »
Sciences, pouvoirs et discours : l'enjeu de l'écriture de l'histoire de l'islam et des musulman(e)s en Islam contemporain
Les controverses autour de l'étude de l'islam se sont multipliées ces dernières années à travers le monde. Des acteurs académiques, religieux et/ou étatiques s'emploient à promouvoir un patrimoine civilisationnel islamique selon une approche plus ou moins idéologique et/ou confessante, intégrant ou non les apports des sciences humaines et sociales venues d'Europe.
Dans les milieux académiques, elles peuvent conduire à un renouvellement des discours interprétatifs de la Tradition islamique (
turāṯ) ou bien à une censure des savoirs pour protéger telle lecture du dogme musulman ou prémunir les fidèles de l'offense religieuse. Il peut être aussi question d'une refonte épistémologique de la connaissance conçue dans le respect de la croyance duquel émergent de nouveaux courants culturalistes qui connaissent un essor notable en contexte anglo-saxon. La critique renouvelée de l'occidentalisation des savoirs et de l'orientalisme à partir de l'ouvrage éponyme d'E. Saïd (1978), aboutit à un changement de paradigme épistémologique comme en témoigne le livre
Is Critique Secular? (2013) rédigé par un collectif composé entre autres de S. Mahmood, J. Butler et T. Asad. Le risque en est une vision essentialisée d'un monde résolument pluriel jusque dans les courants les plus intégraux de l'islam.
Du point de vue diplomatique, on parle de « réécriture de l'histoire » résultant d'une politique culturelle d'un État donné. Elle est à la source d'une lutte pour le monopole interprétatif de l'islam ou de relectures historiographiques pour la construction d'un récit national. Ces jeux de tensions mémorielles trouvent un écho particulier dans les institutions académiques et culturelles telles l'UNESCO chargée de la promotion et la protection des cultures.
Du côté des mobilisations sociales, la tension entre libertés académiques, enjeux de pouvoir et respect des croyances se fait particulièrement ressentir en Amérique du Nord et en pays musulmans alors qu'en Europe, les débats semblent plus libres. L'ouvrage
Le Coran des historiens de G. Dye et M. Ali-Moezzi compilant des travaux historico-critiques sur l'histoire du Coran, a connu un succès notable en France même si sa réception ne fait pas l'unanimité parmi les cercles intellectuels et religieux musulmans.
Ces diverses situations interrogent dès lors la tension opérante entre histoire, libertés académiques et enseignements doctrinaux sanctuarisés. En quoi l'histoire devient-elle un outil discursif pour des acteurs en quête de légitimité religieuse, politique et/ou idéologique ? Quels en sont les enjeux ?
Les exemples sont pléthores tels l'étude des migrations et mobilisations, l'étude des rapports entre science islamique classique, historicisation de l'« islam » et courants épistémologiques nouveaux ou celle des traités et éditions encyclopédiques et leurs usages et visées discursifs. L'approche historique sera privilégiée. Seront particulièrement appréciées, sans s'y limiter exclusivement, les communications qui croiseront étude des discours, institutions et itinéraires intellectuels musulmans.
Contacts :
sahra.ghozi@gmail.com monia.hilal@etu.ephe.psl.eu
Procédure de dépôt des propositions :
https://momm-strasbourg.sciencesconf.org/?lang=fr
Date limite des dépôts : 8 décembre 2024.