Séminaire « Sciences sociales et psychanalyse » – « Les ‘bons gènes’ du président Trump. Réflexions sur la difficile déracialisation de la société américaine »
Intervenant : Denis Lacorne, Directeur de Recherche émérite (CERI-SciencesPo/CNRS)
Dernier ouvrage paru : De la race en Amérique, Gallimard, Coll. « L’esprit de la cité », 2025
Que se passe-t-il lorsque l’on vit, comme aux États-Unis, dans une société qui reste hyper-racialisée ? Une société où l’on a, trop longtemps, divisé la population entre deux races antagonistes : les Blancs et les Noirs et plus récemment les Blancs d’origine européenne et les nouveaux immigrés — des peuples de couleur originaires du Mexique et du Sud global.
Comment se soustraire à l’essentialisme racial, au suprémacisme blanc et à la peur atavique d’un « grand remplacement » ? Comment résister aux catégories raciales imposées par les agents du recensement ? Quelles sont les conditions de possibilité d’un désengagement, d’une dé-racialisation de la société ? Peut-on imaginer une nation « sans race », aveugle ou indifférente à la question de couleur? En bref, est-il possible de « déracialiser l’Amérique » sans détruire toutes les formes de diversité, comme le président Trump et ses émules tentent de le faire en manifestant une forme inédite de «wokisme à l’envers » ? La question du charisme de Trump, au sens wébérien du terme, sera aussi abordée. On montrera que ce charisme est indissociable d’une forte instrumentalisation du religieux à des fins politiques et d’un certain virilisme destiné à humilier les groupes les plus faibles et les adversaires apparemment les plus redoutés.
Responsables scientifiques : François Bafoil, Sciences Po-CERI/CNRS (UMR 7050) et Paul Zawadzki, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL/UMR 8582).