Nouveaux monachismes du bouddhisme chinois contemporain : le temple Dajinshan et le temple Shaolin

Daniela Campo (Université Paris 7) et Ji Zhe (INALCO) au séminaire interne du GSRL

12 novembre 2015

  Résumé par Daniela Campo (Université Paris 7) et Ji Zhe (INALCO) Notre exposé se donne pour but de replacer le bouddhisme dans la modernité chinoise à travers l’analyse de deux études de cas : le temple Dajinshan et le temple Shaolin représentent en effet deux exemples différents de la manière dont les changements politiques et sociaux survenus en Chine à partir de la fin de l’empire (-1911) et jusqu’à nos jours, ont pu modifier la vie monastique. Le discours de YK (1921- ), fondatrice et abbesse nonagénaire du temple Dajinshan, est imbu de notions qui ont marqué au XXe siècle le passage de la Chine à la modernité, notamment l’émancipation de la femme. Dans le but d’offrir des opportunités religieuses et éducatives paritaires aux moniales chinoises, Yinkong a conçu à partir des années 1980 un monastère Chan doté d’une salle de méditation pour femmes et d’un Institut d’études bouddhiques pour moniales, et où des cérémonies d’ordinations de femmes ont lieu tous les trois ans. D’autres institutions modernes ont été mises en place au fil des années, parmi lesquelles une association caritative, des camps d’été pour les laïcs ainsi que, véritable innovation dans le bouddhisme chinois, un Institut de repos pour personnes âgées annexe au monastère et encore en construction. En mettant en avant l’engagement public et social du bouddhisme, le monastère emploie des stratégies de légitimation adoptées par le bouddhisme chinois déjà dans la première moitié du XXe siècle, tout en les adaptant aux politiques contemporaines et aux nouvelles exigences de la société chinoise. Le deuxième exposé montrera comment les arts martiaux et sa marchandisation ont changé la vie monacale du Temple Shaolin, un haut lieu de l’école Chan du bouddhisme chinois. C’est grâce à sa tradition célèbre des arts martiaux que le Temple Shaolin a retrouvé son ouverture et sa prospérité depuis les années 1980. Pour garder un groupe des moines qui sont capables de faire des illustrations, le Temple est obligé de recruter des jeunes bien formés mais sans engagement religieux, créant ainsi une catégorie de wuseng (moines des arts martiaux) au sein du monastère. Ces moines ne font pas partie de la catégorie de clercs qui s’appellent entre eux « chujiaren » - ceux qui sont sortis de la famille, c’est-à-dire, de vrais moines. En outre, le Temple s’investit énormément dans la production culturelle et la médiatisation publicitaire, afin d’élargir ses influences et d’augmenter ses revenus. Ces pratiques sont naturellement reprochées par beaucoup de bouddhistes qui les considèrent comme une trahison de la tradition extramondaine du bouddhisme. Face aux critiques, depuis quelques années le Temple s’efforce d’équilibrer les aspects martiaux par les aspects religieux, en restaurant l’organisation de la méditation assise et la cérémonie d’ordination. Un cas typique de la confrontation et de la négociation entre la logique de la religion et la logique du marché.
NOTE : La participation au séminaire est réservée aux membres du GSRL. Les membres extérieurs au laboratoire peuvent faire une demande auprès du GSRL. Le séminaire a lieu au GSRL, salle des conférences, site Pouchet, 14h00-16h30.
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