Qijun Zheng – « The Return of Cranes: Migratory Birds, Local Cults, and Ecological Governance in China »
Qijun Zheng a publié l’article « The Return of Cranes: Migratory Birds, Local Cults, and Ecological Governance in China » dans la revue Religions, 2025, 16(11), 1419. Cet article appartient au numéro spécial « Modeling Lifeworlds on the Rhythms of Nature: Perspectives on Daoism and Ecology in East Asia » [« Modélisation des mondes vécus aux rythmes de la nature : regards sur le taoïsme et l’écologie en Asie orientale »], dirigé par les professeurs Jihyun Kim (Seoul National University) et Daniel Burton-Rose (Wenzhou-Kean University). Qijun Zheng tient à exprimer sa profonde gratitude à son directeur de recherche, Monsieur le Professeur Vincent Goossaert, pour le soutien constant qu’il lui apporte dans ses recherches sur Maoshan depuis son mémoire de master, dont la publication du présent article constitue l’un des aboutissements.
Résumé
Cet article examine la manière dont une communauté taoïste établie sur une montagne sacrée de Chine orientale a historiquement entrelacé sa vie religieuse avec les rythmes du monde naturel, remettant ainsi en cause le clivage conventionnel entre « nature » et « culture ». En se centrant sur la montagne sacrée du Maoshan — célèbre pour le culte des transcendants et son association symbolique avec les grues migratrices —, l’étude montre que les cycles annuels de pèlerinage ont été délibérément synchronisés avec les rythmes migratoires des oiseaux. À partir de textes classiques, d’écritures religieuses, de monographies locales, de stèles et d’édits impériaux, nous mettons en évidence que le calendrier des rituels et des édits à Maoshan s’alignait sur l’arrivée et le départ des grues, régulant des activités humaines telles que l’exploitation forestière, la chasse et l’agriculture dans ce paysage sacré. Ces éléments montrent que la pratique religieuse chinoise ne se contentait pas de refléter des croyances cosmologiques, mais modélisait activement les mondes vécus humains sur des cycles non humains, brouillant la frontière entre le social et l’écologique.
Sur plus de deux millénaires, le système intégré rituel–écologique de Maoshan a contribué à préserver la biodiversité (en protégeant les habitats lors des saisons clés) et a consolidé une vision du monde où humains et animaux de bon augure sont partenaires au sein d’un ordre cosmique partagé. Lorsque les conditions environnementales se sont modifiées à des périodes ultérieures — déforestation, changement climatique et bouleversements sociaux —, cette tradition accordée à la nature a dû s’adapter, révélant à la fois la puissance et la précarité d’une cosmologie fondée sur des rythmes naturels prévisibles.
En mettant en lumière un cas où les institutions religieuses et l’agentivité animale ont coproduit un régime temporel durable, l’étude contribue aux débats anthropologiques plus larges sur l’ontologie relationnelle en Asie orientale. Elle suggère que la cosmologie taoïste classique, souvent classée comme « analogiste », a en réalité fonctionné comme une forme de monisme relationnel : la conviction durable que la société humaine et le milieu vivant sont co-constitutifs et continus. À travers l’histoire de Maoshan, nous reconsidérons la manière dont les modèles prémodernes de « l’unité du Ciel et de l’humanité » ont été appliqués de façon pragmatique et explorons leurs implications pour reconfigurer les relations nature–culture à l’ère des incertitudes de l’Anthropocène.
Page de la contribution : https://www.mdpi.com/2077-1444/16/11/1419
Autres publications récentes de Qijun Zheng:
• Zheng, Qijun. 2025a. Making Maoshan Great Again: Religious Rhetoric and Popular Mobilisation from Late Qing to Republican China (1864–1937). Religions 16, no. 1: 97. Open Access.