Programme RELIF – compte rendu de la réunion du 20 septembre 2023

compte-rendu

Après un tour de table, les organisateurs remercient vivement le politiste Paul Zawadszki (Université Panthéon Sorbonne, GSRL) d’avoir bien voulu accepter d’être le premier orateur du nouveau programme GSRL “Religion et Francophonie”. Le réseau d’information autour du programme n’est pas encore rôdé, mais six collègues étaient présents pour cette “première”, dont la directrice du laboratoire, Alfonsina Bellio. Paul Zawadzki a commencé par brosser le tableau d’une crise de la temporalité qui se déploie en Europe à partir des années 1970-80, tout en se combinant avec une forte réflexivité. Arasement des horizons, effacement des utopies, le malaise est partout, compliquant aussi le rapport à l’avenir, qui se nourrit toujours d’une référence au passé. La question est comment historiciser ce phénomène ? Dans les années 1930 déjà, un Karl Jaspers s’interrogeait sur le morcellement du temps, l’émiettement sceptique, nihiliste (La situation spirituelle de notre temps, 1930). Faut-il seulement incriminer le capitalisme, ou élargir le champ des causalités? La modernité européenne toute entière ne serait-elle pas traversée, de manière constitutive, par une inquiétude sur le temps? Le capitalisme est certes un facteur bien repéré, tendant à priver les individus d’une temporalité vivante, humaine, signifiante. Mais d’autres éléments entrent en compte. Appuyé par une très riche culture philosophique et politique et un grand esprit de synthèse, invoquant notamment Alexis de Tocqueville, Marcel Gauchet, ou encore Cornelius Castoriadis, Paul Zawadzki en arrive à conclure sur le fait que la modernité n’est pas seulement détemporalisante. Et la contraction présentiste contemporaine, qui reste relative, ne peut pas être comprise seulement au prisme du seul économicisme. Il pointe alors le rôle structurant, dans le rapport contemporain au temps, de l’idéologie, ainsi que l’importance de la conscience historique. Apportant, tout au long de l’exposé, une expertise conceptuelle fine (“La temporalité, ce n’est pas le temps des horloges, c’est le temps de la conscience“), Paul Zawadzki s’est ensuite prêté avec brio au jeu de l’échange et des questions, y compris sur les enjeux posés par la postcolonialité, l’espace, les rapports histoire-mémoire.