Thématique
Les mondes religieux asiatiques, leur capacité à se transformer au rythme des mutations politiques et sociales advenues depuis un siècle, les formes de sécularisation dont ils témoignent.
Méthodes, outils
Prise en compte de la longue durée, des différentes temporalités et espaces ; importance de l’ancrage dans les textes.
L’environnement du GSRL permet de ne pas nous enfermer sur l’aire asiatique, de faire exister un dialogue entre sciences sociales des religions et études asiatiques, et d’interroger les mêmes thématiques à partir d’aires culturelles différentes.
Mode de fonctionnement
Les projets menés dans le cadre du quinquennal 2013-2017, « La religion des Chinois en France » et les interrogations sur les formes de sécularisation et de laïcité en Asie ont ouvert des champs dont l’exploration est loin d’être terminée, et ils ont aussi fait émerger des questions théoriques.
Projets et thématiques retenues
Organisation de séminaires épistémologiques : Les travaux menés ces dernières années ont souligné la nécessité d’interroger les cadres de références, catégories et postulats des sciences sociales des religions développés à partir d’autres modalités et expériences religieuses. Partir des seuls outils des sciences sociales forgés pour l’analyse des phénomènes religieux occidentaux aboutit en effet à un « biais occidentaliste » qui restreint la compréhension des spécificités des religions d’Asie. Ce biais est inévitable si l’on néglige la longue durée et les sources historiques pour se concentrer uniquement sur le contemporain. On constate régulièrement l’utilisation de concepts tels que syncrétisme, hybridation, créolisation, transnationalisation pour qualifier certains phénomènes religieux en Asie, impliquant ainsi qu’il s’agit de phénomènes récents alors que la connaissance des sources atteste leur existence à des périodes parfois très anciennes.
Nous engageons au cours de ce quinquennal 2019-2023 une réflexion collective dans le cadre de séminaires épistémologiques en synergie autant que faire se peut avec d’autres programmes ou axes du GSRL.
Élaboration d’une base de données dans le cadre du projet « From the Ground Up. Buddhism and East Asian Religions ».
L’un des acquis les plus récents des travaux sur l’histoire moderne et contemporaine des religions dans le monde chinois (au sens le plus large, y compris les communautés chinoises en Occident) est la très grande production et
diffusion de textes religieux, sur des supports des plus traditionnels (xylographie) aux plus récents (internet). Ignorés jusqu’à très récemment, ces dizaines de milliers de textes deviennent d’une part disponibles (collections de facsimilés, numérisation) et commencent d’autre part à faire l’objet d’études ponctuelles. Dans le cadre du projet international « From the Ground Up. Buddhism and East Asian religions »,
financé par le SSHRC, Canada, 2016-2022, et dont le GSRL est membre fondateur, une équipe coordonnée par V. Goossaert commence à construire une base de données ouverte de ces textes pour jeter les fondements pratiques et méthodologiques de leur étude globale.
À partir des outils et de l’expérience acquise à travers le programme « La religion des Chinois en France »,
nous nous attachons à élargir à l’échelle européenne les enquêtes sur le religieux dans les diasporas asiatiques en milieu urbain. Des contacts ont été noués par Pascal Bourdeaux avec les équipes de recherche en Europe orientale travaillant sur les diasporas du Sud-Est asiatique. Ce volet est conduit par Pascal Bourdeaux et des membres du projet « La religion des Chinois en France ».
La question du religieux et du politique et du religieux et du séculier en Asie est poursuivie, toujours en dialogue avec des spécialistes des sciences sociales du religieux travaillant sur l’aire européenne. Les modalités du prochain volet sont définies grâce au résultat des travaux engagés sur les notions de sécularisation et de laïcité et leur pertinence pour la compréhension des sociétés d’Asie, travaux qui ont donné lieu à une rencontre internationale en mars 2018 dans le cadre de la publication des résultats. Les coorganisateurs du projet, membres de notre programme ou membres associés en France et à l’étranger, se sont associés pour cette phase de publication à Rémy Madinier, membre du CASE (Centre d’Asie du Sud-Est, CNRS/EHESS) ; une demande commune de financement a été déposée avec succès auprès de PSL-IRIS Études globales.
Pour le volet 2019-2023, nous sommes rejoints par Daniela Campo (bouddhisme moderne), ainsi que par Virginie Vaté et Ksenia Pimenova : un de leurs projets présenté dans le cadre de l’appel d’offres « Émergences » porte en effet sur « Les frontières de la désécularisation en Russie », ce qui ouvre des pistes communes.
Les missions en Asie: Cette activité se décline autour des présences missionnaires (chrétiens ou non) en Asie dans une perspective comparatiste d’ensemble, de façon à mettre en regard leur diversité dans l’aire asiatique. De façon non exclusive, trois questionnements principaux pourront animer les rencontres : 1. le lien entre religion et politique et / ou nationalité politique et / ou colonisation ; 2. les dialogues qui s’établissent entre les missionnaires et les populations locales, ce que cela nous apprend des réponses locales aux présences missionnaires et comment ces interactions se négocient au milieu des représentations que les uns se font sur les autres ; 3. la mise en discours de l’altérité, sa visibilisation et l’utilisation de ces ressources dans le pays d’origine des missionnaires. L’objectif de ce séminaire est d’aborder ces questions assez larges et ouvertes par l’analyse de cas d’étude de documents historiques de tout type dans une approche anthropologique et historique. Deux rencontres par an seront organisées autour de ces questions.
Ce quinquennal 2019-2023 est l’occasion pour les membres du programme de développer un projet sur le
rapport homme/femme et les assignations de genre en matière religieuse. L’expérience de la journée d’étude du 13 juin 2017 que notre programme a co-organisée avec l’axe transversal « Genre, religions, sécularisations » et le programme « « Judaïsmes contemporains » sur la question de la mixité dans les mondes religieux a montré l’étendue des zones à défricher sur ces questions. Elle a suscité l’intérêt d’autres membres du programme qui n’avaient pas pu être présents, telle Virginie Vaté (rôle et place des femmes, notamment des femmes de prêtres, dans l’orthodoxie) et Isabelle Charleux (rôles et interdits des femmes lors des cultes locaux et des pèlerinages).
Pour développer ces thématiques des collaborations sont engagées avec d’autres groupes de recherche en France et à l’étranger afin de déposer des demandes de financements et de répondre à des appels d’offres (PSL, ANR, ERC, Fondation CCK à Taiwan) :
- Nos collègues associés à l’équipe, Eddy Dufourmont (Université de Bordeaux-Montaigne) et André Laliberté (Université d’Ottawa) ont confirmé leur volonté de poursuivre leur collaboration et de présenter des demandes communes (par exemple auprès du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada) ;
- Le Centre Asie du Sud-Est (CNRS/EHESS/INALCO), avec lequel des contacts sont déjà établis (projet PSL) et qui associe les approches historique, anthropologique et ethnolinguistique, nous ouvre sur l’espace indonésien en particulier, la Birmanie, et sur d’autres modèles d’islam en Asie ;
- Les équipes de recherche en Europe orientale travaillant sur les diasporas du Sud-Est asiatique qui y sont présentes (Pascal Bourdeaux) ;
- Le nouveau Centre d’études interdisciplinaires sur le bouddhisme (INALCO/EPHE/Collège de France) auquel participent activement Ji Zhe et Vincent Goossaert (histoire des textes bouddhiques, ainsi que l’UMR IFRAE (Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est), en cours de création, qui comprend un axe sur « Histoire et sociologie des faits religieux en Asie » (CNRS/INALCO/Paris VII) ;
- Des centres de recherche en Allemagne développant des thématiques proches des nôtres, tel l’Institut Max Planck de Göttingen (Study of Religious and Ethnic diversity) avec lesquels des contacts existent déjà (Vincent Goossaert, Aandré Laliberté, Pascal Bourdeaux et dont le directeur, Peter van der Veer, participe au projet « Whats does Asia tell us about the secular ? »), ou encore le Humanities Centre for Advanced Studies (Kolleg-Forschergruppe, KFG) et son programme « Multiple Secularities – Beyond the West, Beyond Modernities » de l’Université de Leipzig.
Par ailleurs, la collaboration (5 ans) avec le département d’études sibériennes du Musée Pierre Ier d’ethnographie et d’anthropologie (Kunstkamera) de Saint-Pétersbourg se poursuit sous la responsabilité de Virginie Vaté.
Enfin, l’atelier CEMS (Centre des Études Mongoles et Sibériennes)/GSRL, organisé par Isabelle Charleux et Virginie Vaté, continue ses activités au cours du prochain quinquennal. Rappelons que cet atelier mensuel réunit des étudiants, doctorants, post-doctorants et chercheurs confirmés intéressés par le domaine des études mongoles, sibériennes, centrasiatiques, mais aussi arctiques. Il fait le pont entre chercheurs, étudiants et doctorants et contribue ainsi à la formation de ces derniers. Le programme peut être consulté en ligne.