Yann Borjon-Privé

Docteur associé,
initiateur et co-organisateur du séminaire « Religion et Violence »

Thèmes de recherche

  • Religion et Violence
  • Mémoire et Identité
  • Chamanisme
  • Traditions orales
  • Patrimonialisation
  • Arctique
  • Asie du Nord

Anthropologue et historien spécialiste de l’Arctique sibérien (Russie, Asie du Nord), Yann Borjon-Privé travaille sur la mémoire et la violence en lien à l’identité et à la religion.

Il est l’auteur d’une thèse intitulée Étude de la construction d’un passé dolgane et dynamiques identitaires contemporaines dans l’Arctique russe : approche historique et anthropologique, dirigée par Vincent Goossaert et co-encadrée par Jean-Luc Lambert (2022). En analysant les conceptions administratives, scientifiques et populaires du groupe ethnique des Dolganes en tant que nation, société ou peuple de l’Arctique russe (Sibérie du nord) des années 1920 à 2020, il a montré comment les autorités russes et soviétiques ont modifié ce groupe ethnique. La focale portait notamment sur la période 1930-1970, pendant laquelle les Bolchéviques ont retiré l’ethnonyme dolgane de la liste officielle des nationalités, avant qu’il n’y soit rétabli sous l’impulsion d’ethnographes proches du terrain. Les élites locales ont greffé une patrimonialisation sur cette reconnaissance, la nourrissant à l’aide des « pages blanches » de l’histoire dolgane, selon des formes et des contenus autorisés dans l’éthique soviétique.[COUPURE]

Ses recherches postdoctorales interrogent le système religieux et social dolgane, ses dynamiques d’hier et d’aujourd’hui et le rôle que la violence y joue. Yann Borjon-Privé analyse notamment des récits qu’il a notés sur le terrain et qu’il compare à d’autres récits recueillis depuis le XVIIIe siècle. Ces textes oraux restituent des relations intergroupes liées aux « pages grises » ou « noires » de l’histoire nord-sibérienne avec des épisodes oubliés ou tus. Ils mettent aussi en scène des chamanes, spécialistes rituels qui agissent tantôt dans le soin, tantôt dans l’aide économique. Or les chamanes dolganes ont été violemment réprimés dans les années 1930 et humiliés par la suite. La pratique de leur spécialité a disparu vers 1970 sans qu’elle ne soit réactivée de façon pérenne et donc sans que l’on ne puisse parler aujourd’hui d’un néo-chamanisme dolgane. C’est une particularité par rapport à des néo-chamanismes observés ailleurs en Sibérie après 1990. Devant ce constat, Yann Borjon-Privé a fondé son ethnographie autour de la mémoire du chamanisme et de la violence (symbolique/quotidienne) en coopérant depuis 2009 avec de derniers témoins et connaisseurs de ces pratiques rituelles. Il analyse de façon critique les discours, les représentations et les pratiques qu’il a observées ou celles que des archives et des ethnographies anciennes décrivent.

Yann Borjon-Privé est notamment membre du Centre d’Etudes Mongoles et Sibériennes (EPHE-PSL) depuis 2008, représentant au sein du Bureau des Jeunes Chercheur.e.s en Etudes Asiatiques (auprès du GIS Asie, UAR2999 Etudes Aréales, CNRS) de 2017 à 2020 puis de 2023 à 2025, membre du Groupe de recherche « Empire russe, URSS et monde post-soviétique » (GDR RUS 2064, CNRS), membre du GDR « Mutations polaires » (GDR 3062, CNRS) devenu GDR « Arctique : enjeux pour l’environnement et les sociétés » (GDR AREES 2012, CNRS).