Originaire de Syrie, le Dr. Nael Georges est expert en droit arabe et musulman. Il est titulaire d’une thèse de doctorant en droits de l’homme de l’Université Pierre Mendès France, intitulée intitulée “The right of minorities : the case of Christians in the Arab East”, et l’auteur de plusieurs articles de revues scientifiques ainsi que d’une livre intitulé « le droit des minorités. Le cas des chrétiens en Orient arabe ».Son projet de recherche porte sur la divergence entre les conceptions internationale et islamique de la liberté religieuse -Effets actuels et perspectives d’avenir : le cas des États du Moyen Orient. La divergence entre la conception internationale et islamique des droits de l'homme est l’un des principaux sujets qui éloigne l’Occident du monde musulman. Le respect des droits de l’homme est à l’origine du développement occidental dans tous les domaines, économique, culturel, scientifique, etc. En revanche, l’absence de libertés politiques et de démocratie dans le monde musulman est à l’origine de la montée du fondamentalisme, du l’autoritarisme ainsi qu’une des raisons de la détérioration de la relation entre l’Occident et le monde musulman.La revendication d’un particularisme en matière de droits de l’homme par les États musulmans limite la portée universelle de ces droits, ce qui laisse ses empreintes sur le rapprochement des cultures et des civilisations. La position des États islamiques lors des travaux préparatoires de certains documents internationaux (en particulier la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1966), la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction (1981) et la Convention relative aux droits de l’enfant (1984).), fait ressortir de nombreuses controverses quant aux questions relatives aux droits de l'homme. Il s’agit surtout de l’inégalité entre l’homme et la femme ainsi que de certaines questions liées à la liberté religieuse dont l’inégalité entre les musulmans et les non-musulmans et l’apostasie en islam. Ainsi, le représentant de l’Iran a affirmé en 1984, devant l’Assemblée générale de l’ONU, que « la Déclaration universelle des droits de l’homme qui illustre une conception laïque de la tradition judéo-chrétienne ne peut être appliquée par les musulmans et ne correspond nullement au système de valeurs reconnues par la République islamique d’Iran. Cette dernière ne peut hésiter à en violer les dispositions, puisqu’ il lui faut choisir entre violer la loi divine du pays ou les conventions laïques ». (Cité par Ali MEZGHANI, Lieux et non-Lieux de l’identité, Tunis, Sud Édition, 1998, p. 216.)Il est donc question de la liberté religieuse qui est l’une des principales questions fondamentales qui oppose la loi musulmane aux droits de l’homme dans son état actuel. La liberté religieuse telle adoptée et appliquée en Occident inclut la liberté de croire ou de ne pas croire, d’appartenir ou pas à une communauté religieuse, et évidemment, la liberté de changer de religion. Tel n’est pas le cas dans la majorité des États musulmans où les citoyens subissent de graves violations relatives à leur liberté de religion. Ainsi ces États ne reconnaissent souvent que les religions monothéistes : l’islam, le christianisme et le judaïsme. De même, sur les papiers d’identité de tous les citoyens doit figurer une appartenance à l’une de ces trois religions. Certaines affaires juridiques sont régies par des codes religieux. Quant au changement de religion, il n’est accepté qu’envers l’islam ; cependant les musulmans n’ont pas le droit de renoncer à leur religion sous peine de mort ou de pertes de leurs droits civils et politiques. Néanmoins, cette conception traditionnelle de la liberté religieuse est en cours de développement comme le témoigne l’ouverture croissante des États musulmans aux 2 3 4 instruments internationaux des droits de l’homme. Dans cette perspective, nous nous interrogeons sur les facteurs qui sont à l’origine de cette ouverture. Il s’agit surtout d’examiner les effets de la mondialisation et du développement de moyens de communication ainsi que l’ouverture même limitée vers l’Occident et le rôle de ce dernier pour transmettre un modèle universel de la liberté religieuse. La réforme profonde dont fait l’objet certains États arabo-musulmans après les déclenchements de plusieurs révolutions dont celles qui se sont déroulées en Tunisie, en l’Égypte, au Yémen, en Lybie et en Syrie, apportera sans doute une contribution en la matière. L’arrivée aux pouvoirs des mouvements islamiques, comme ce fut le cas en Tunisie, les intégrer dans les enjeux démocratiques et à réduire leur radicalisation. Certaines voix de la société civile musulmane réclament également la réinterprétation de préceptes islamiques à la lumière de la charte internationale des droits de l'homme et des exigences de société contemporaine. Dans ce contexte, nous nous interrogeons sur le changement d’attitude de certains États musulmans face à la question de la liberté religieuse. Est-ce qu’une évolution légale et politique similaire à celle que l’Occident a connue est possible dans le monde musulman vis-à-vis de la relation particulière qu’entretient la religion avec l’État? Quel est l’impact d’une telle évolution sur les relations qui lient l’Occident et le monde musulman ?Projet de recherche détaillé par Georges NaelCv en ligne (en anglais)