Compte-rendu de la Journée d’études du 29 janvier 2019, EPHE

       

« Les études taoïstes en France – Historiographies critiques »

  Dresser un état des lieux de l’histoire des études taoïstes en France, tel était l’objectif de cette première journée d’études qui s’est déroulée à l’EPHE, en présence du Pr. K. M. Schipper, devant plus d’une quarantaine de chercheurs et doctorants, occidentaux et chinois.   La matinée, « Du terrain aux textes, des textes aux terrains », a été consacrée à l’évolution des savoirs sur le taoïsme du fait du développement des sciences humaines et sociales. En introduction, Marc Lebranchu (GSRL) a présenté un rappel de l’histoire de la réception du taoïsme en Europe depuis le XVIIe siècle, puis de la constitution du champ disciplinaire à partir des années 1960-1980. Ce qui a mis en évidence le poids des lectures jésuite puis orientaliste du taoïsme jusqu’à une époque encore très récente. Grégoire Espesset (GSRL) a analysé, dans une approche stratigraphique du discours sinologique, la constitution de quelques « clichés » actuels sur le taoïsme et les problèmes qu’ils peuvent soulever. Zhang Can (doctorante, Université du Sichuan) a rappelé les enjeux et problèmes rencontrés par les premières traductions du Daodejing au XIXe siècle et le rôle majeur joué par Stanislas Julien dans l’approche scientifique du texte. Johan Rols (doctorant, EPHE) a dressé le bilan des thèses en études taoïstes soutenues en France, mettant en évidence leur développement récent et la multiplicité des lieux de productions et des thématiques abordées aujourd’hui.   L’après-midi a permis d’évoquer, notamment au travers d’une approche comparatiste, le cadre dans lequel se sont développées les études taoïstes en France et les influences exercées sur ce champ. En introduction Caroline Gyss (GSRL) a présenté l’histoire, courte, des recherches sur l’art taoïste, ignoré jusqu’à une période très récente, et les problèmes posés par la définition de son périmètre. A partir des réflexions de diplomates et savants chinois de la fin du XIXe et des débuts du XXe siècles, Joseph Ciaudo (Hastec-GSRL) a montré la minoration, la condamnation ou l’occultation de la place du taoïsme par les lettrés confucéens qui n’en encourageaient guère l’étude. Ji Zhe (Inalco) a présenté l’histoire des études sur le bouddhisme chinois en France, elles aussi initiées très tardivement, puis leur déploiement actuel grâce à la fondation récente du Centre Interdisciplinaire d’Etude sur le Bouddhisme. Enfin, Roland Lardinois (EHESS), à présenté les outils méthodologiques qui ont permis l’analyse socio-historique de la constitution du champ des études indiennes en France et ses résultats.   En conclusion, Vincent Goossaert (EPHE-PSL) a relevé l’importance de la multiplicité des discours contemporains sur le taoïsme et la diversité des audiences auxquelles doivent s’adresser les études taoïstes, des milieux sinologiques occidentaux et/ou chinois au public cultivé et au grand public. (compte-rendu ML pour le GSRL)

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