Benedetta de Bonis : « Imaginaires des reines des steppes dans l’histoire, les littératures et les arts »
Imaginaires des reines des steppes dans l’histoire, les littératures et les arts
Regards croisés entre Orient et Occident
RÉSUMÉ |
L’Orient a joué un rôle primordial dans le processus de construction de l’identité de l’Occident, en tant que miroir sur lequel il a projeté ses propres peurs et aspirations. Dans cet univers, la steppe eurasiatique a été longtemps perçue comme un monde barbare, peuplé des Amazones. Le mythe de ces reines guerrières stigmatise deux aspects troublants de la féminité : la force virile et l’insoumission aux mâles, traits éveillant la crainte ancienne du matriarcat.
Cependant, la modernité et la postmodernité – en ayant vu une accélération de circulations entre formes et héritages multiples – ont permis de dépasser peu à peu cette vision essentialiste. Dans ce contexte, la redécouverte de sources autochtones et les nouvelles études menées par les spécialistes ont contribué à jeter un nouveau regard sur les peuples des steppes, en croisant les points de vue orientaux et occidentaux. Aujourd’hui, les empires nomades ne sont plus considérés comme des entités apocalyptiques, mais comme des agents importants de l’histoire globale. Cette réévaluation a également touché les reines des steppes qui, dès l’antiquité, possédaient beaucoup plus de liberté que dans les civilisations sédentaires. Elles prenaient part, à l’égal des hommes, à la guerre, à la politique et au commerce, en exerçant une forte influence sur leurs époux. Face à une grande avancée dans le domaine de la recherche scientifique des études sur le statut des femmes parmi les peuples des steppes, il existe encore peu de contributions qui enquêtent sur les imaginaires qu’elles ont suscités. Et pourtant, les reines nomades ont non seulement fasciné les spécialistes, mais aussi les artistes, les écrivains, les cinéastes et les voyageurs. Ce colloque s’attache à étudier l’image des reines des steppes entre mythe et histoire à travers les siècles. Dans une perspective interdisciplinaire visant à croiser les regards orientaux et occidentaux, il accueillera des contributions venant de spécialistes de l’histoire, des littératures et des arts, afin de dresser, grâce à l’union de leurs points de vue, un premier tableau comparatiste et diachronique sur le sujet.