Atelier de recherche : « Les métapersonnes comme sujet »
Les métapersonnes comme sujets
Les humains vivent entourés de toute sorte d’êtres métapersonnels (pour reprendre le concept proposé par Marshall Sahlins) à qui ils prêtent, de manière plus ou moins discrétionnaire, diverses émotions, une certaine capacité d’interlocution, une vie intérieure de qualité variable, la faculté de faire des caprices, etc. Parmi ces êtres, il en est que les sciences humaines ont eu l’habitude d’étudier comme des objets (objets de croyance, ou objets de classification ontologique) : les dieux, les esprits et, dans une moindre mesure, les fantômes – des humains morts, donc, et des non-humains.
L’enjeu de ce séminaire collaboratif est double : il s’agira, d’une part, d’ouvrir le champ de ce qui peut compter comme « métapersonne » (en y incluant par exemple certains personnages de fiction, ou la diversité des algorithmes dont la vocation est de simuler l’intelligence humaine) et, d’autre part, de prendre au sérieux la notion de personne dans « métapersonne ». Ainsi, plutôt que d’envisager les entités humaines (défuntes) ou non-humaines dont les humains s’entourent seulement comme des objets – comme les réceptacles passifs des intentions et des désirs humains –, nous chercherons à documenter les processus relationnels et discursifs par lesquelles celles-ci sont constituées et se constituent comme sujets.
Pour le dire autrement encore : nous proposons de comparer à la fois les dispositifs mis en œuvre pour instaurer les métapersonnes comme des sujets (douées d’un certain ensemble de compétences) et les situations dans lesquelles ces entités métapersonnelles excèdent les attentes placées en elles ou subvertissent le rôle qui leur a été assigné.