Avis de soutenance
Monsieur Pierre-André HERVÉ,
doctorant en études arabes, civilisations islamique et orientales
à l’École Pratique des Hautes Études,
soutiendra publiquement ses travaux de thèse intitulés
Du confessionnalisme politique. Une histoire politique du Liban sous le Mandat français (1920-1943)
dirigés par Monsieur Pierre-Jean LUIZARD
Soutenance prévue le vendredi 28 novembre 2025, à 14h00
Lieu : EPHE – Fondation Maison des Sciences de l'Homme, au 54 boulevard Raspail 75006 Paris - Salle 17
Composition du jury :
M. Pierre-Jean LUIZARD – CNRS – Directeur de thèse
Mme Anne-Claire BONNEVILLE – INALCO – Rapporteure
Mme Odile MOREAU – Université de Montpellier Paul-Valéry – Rapporteure
M. Karim-Émile BITAR – Université Saint-Joseph (Liban) – Examinateur
M. Henry LAURENS – Collège de France – Examinateur
Mme Nadine MÉOUCHY – Examinatrice invitée
Mme Souad SLIM – Université Balamand (Liban) – Examinatrice
Résumé
L'État libanais a été proclamé en 1920, dans le cadre d’une tutelle coloniale française légitimée par un mandat de la Société des Nations. Cet État repose sur le confessionnalisme politique, un système politique original à travers lequel il reconnaît une pluralité de communautés confessionnelles dans la société libanaise, leur offre des garanties juridiques, en particulier le respect de leur statut personnel, et leur assure une représentation politique jusqu’au partage du pouvoir entre leurs représentants. Très controversé, le confessionnalisme politique a été adopté malgré elles par les élites libanaises, qui percevaient ce qu’il avait de contradictoire avec la construction d’un État moderne mais le jugeaient nécessaire, au moins temporairement, à la paix civile dans une société plurielle polarisée. Phénomène paradoxal, ce système s'inscrit pourtant dans le mouvement de la modernité politique. S'il repose sur une forme sociale héritée des divisions internes aux religions du Proche-Orient, en particulier l'islam et le christianisme, forme sociale qu'il contribue à reproduire et fixer, il peut être conçu comme une étape dans une dynamique, celle du confessionnalisme, déterminée dans une large mesure par la modernité. Il donne à cette dynamique d'affirmation de l'identité confessionnelle une dimension explicitement politique notamment à travers la représentation politique. De même, s’il s’inscrit dans la continuité du « régime communautaire », instauré par les premiers empires musulmans et appliqué par l’État ottoman pour gérer l’existence de chrétiens et de juifs au sein des populations sous leur contrôle, le confessionnalisme politique en constitue une extension – à une variété de confessions – et une systématisation, dans le cadre de l’État réformé après la Première Guerre mondiale et au nom de principes modernes d’égalité et de protection des minorités. Cette thèse montre ainsi en quoi le confessionnalisme politique s'inscrit dans le mouvement de la modernité. Elle tente d’expliquer pourquoi cette synthèse originale d'éléments prémodernes et modernes s'est imposée au moment de réformer le cadre politique de la société désormais « libanaise » dans les années 1920. Et elle identifie les dynamiques à l'oeuvre au coeur de ce système jusqu'au « Pacte national » de 1943, compromis charnière du confessionnalisme politique libanais.