« Les partis politiques musulmans : un vecteur de sécularisation ? » – séance 3
La prochaine séance du séminaire GSRL « Partis politiques musulmans : un vecteur de sécularisation ? » aura lieu le mardi 10 décembre 2024 de 14h00 à 16h00 au bâtiment recherche Nord du campus Condorcet, en salle 5.067 (cinquième étage)
— et en ligne via le lien : https://cnrs.zoom.us/j/91387676058?pwd=8owhNIg3d6H7lptqOfYvkIfo2DGaqo.1 (Code : M3XQ7A).
Nous y accueillerons Pierre-Jean Luizard (CNRS/GSRL), qui interviendra sur le thème :
Les partis politiques musulmans chiites en Irak et la question du statut personnel
Le statut personnel est un révélateur des principes qui régissent une société. Dans un Irak multiconfessionnel et multiethnique, l’amendement à la loi sur le statut personnel permettrait de choisir entre les régulations des autorités religieuses et celles de l’État pour gérer les affaires familiales (union, héritage, divorce et garde des enfants). Les détracteurs craignent une abolition pour les musulmanes de l’âge légal du mariage (fixé à 18 ans dans la loi actuelle), ouvrant la voie à des jurisprudences islamiques qui faciliteraient le mariage des mineures, peut-être dès 9 ans. Le texte de loi remanié fixe l’âge minimum du mariage à 15 ans avec autorisation du tribunal, conservant
« les mêmes conditions » que la législation actuelle.
En vertu de l’amendement, les couples pourraient choisir de dépendre des règles de la
sharî‘a chiite ou sunnite. Les débats houleux au parlement et dans la rue illustrent un processus qui avance au nom d’un confessionnalisme politique inavoué. Chaque communauté (confessionnelle et/ou ethnique) entend s’arroger la plus grande place dans un pouvoir dénué d’espace public. L’objet de cette recherche est de montrer que le passage du pluralisme ottoman au confessionnalisme politique actuel manifeste une sécularisation dont l’un des aspects majeurs est le renforcement de l’identité confessionnelle en remplacement de la spiritualité. Dans le contexte irakien, sécularisation ne va pas de pair avec laïcisation mais avec confessionnalisme politique. Les partis politiques musulmans chiites s’en font les porte-voix dans l’intention de chiitiser l’État.
Au plaisir de vous retrouver à cette occasion,
Stéphane Dudoignon