Soutenance de thèse Samuel Vock-Verley

Samuel Vock-Verley à le plaisir de vous annoncer la soutenance de sa thèse en Anthropologie et histoire des religions, menée en co-direction à l’EPHE et à l’EHESS, intitulée :

L’épreuve de Xızır. Violences, migrations et relations avec l’invisible dans l’alévisme kurde de Dersim (Turquie, France).

La soutenance se tiendra le jeudi 3 octobre à 14h, dans la salle Françoise Héritier de l’Institut des Civilisations du Collège de France, au 52 rue Cardinal Lemoine à Paris (Métro 10, station Cardinal Lemoine). Pour celles et ceux qui souhaiteraient assister à la soutenance en ligne, il vous prie de bien vouloir lui envoyer un message à cette adresse, afin qu'il vous envoie une invitation personnelle : verleysamuel@gmail.com Le jury sera composé de :
  •  Nicolas Elias, anthropologue, maître de conférences à l’Institut national des langues et civilisations orientales, Département Eurasie section de turc (Examinateur).
  • Benoît Fliche, anthropologue, directeur de recherche au CNRS, Université Aix-Marseille, Institut d’Ethnologie et d’Anthropologie Sociale (Rapporteur).
  • Alexandre Papas, historien, directeur de recherche au CNRS, Collège de France, École des hautes études en sciences sociales, Centre des Études Turques Ottomanes Balkaniques et Centrasiatiques (Co-directeur de thèse).
  • Sepideh Parsapajouh, anthropologue, chargée de recherche au CNRS, École des hautes études en sciences sociales, Centre d’Études en Sciences Sociales du Religieux (Examinatrice).
  • Martin Van Bruinessen, anthropologue, professeur émérite à l’université d’Utrecht, Comparative Study of Contemporary Muslim Society (Rapporteur).
  • Thierry Zarcone, historien, directeur de recherche au CNRS, École pratique des hautes études, Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Directeur de thèse).

Résumé de la thèse

"Mes recherches portent sur les évolutions contemporaines du culte de Xızır (en arabe, Khidr) – une entité immortelle connue pour prendre les apparences d’un mendiant, mettre à l’épreuve les personnes qu’il rencontre ou les sauver du danger – dans l’alévisme kurde de Dersim (Tunceli). Elles se fondent sur une enquête ethnographique multisituée menée en turc depuis 2019 à la fois en Turquie, dans la région de Dersim, à Istanbul et en France, à Paris et à Marseille dans la communauté kurde alévie. Dans ma thèse, je m’intéresse aux manières dont les relations avec Xızır se recomposent dans un contexte de mobilités transnationales, mais aussi de destructions des sociabilités locales à la suite de la guerre entre l’État turc et les guérillas dans les années 1980-2020. En effet, les raisons économiques et les épisodes répétés de violence d’État ont emmené la majorité des habitants de Dersim à vivre en diaspora, dans les métropoles de Turquie ou d’Europe. Pourtant cette région continue d’exercer une attraction particulière en tant que « pays des lieux saints » (jar û dîyar) de l’alévisme kurde : ses montagnes et ses forêts abritent les tombes d’ancêtres mythiques, tandis que certains lacs et animaux sauvages sont considérés comme la propriété de « protecteurs » invisibles (wayîr) dont Xızır. Cette thèse propose une anthropologie du religieux en contexte violent, inspirée des travaux contemporains de l’anthropologie de l’invisible et de celle de la violence politique. Je m’intéresse ainsi aux conséquences plurielles de la violence que j’analyse à partir de la notion de « cosmocide » (Labou Tansi), ou de destruction d’un monde rural kurde alévi à Dersim dans les années 1990. Menées à la suite de deux décennies de reconstructions, mes recherches renseignent les recompositions des relations entre humains, non-humains et plus qu’humains dans ce territoire à la fois réinvesti, militarisé, sacralisé, et au sein de la diaspora. Cette thèse vise ainsi à rendre compte des processus sociaux par lesquels la présence, vécue ou débattue, d’une entité tutélaire invisible façonne des démarches identitaires et mémorielles, individuelles et collectives, en contexte de crise. Je développe l’idée d’un « activisme cosmique » mené en parallèle du débat concernant l’identité kurde alévie, dans lequel se réinventent les usages socio-politiques et les imaginaires de ce monde perdu et de ses protecteurs. Mots-clés : religion, violences politiques, anthropologie de l’invisible, migrations, Turquie contemporaine, études kurdes, islam, mémoires collectives, rituels, environnement et écologie, pèlerinages, activisme." La soutenance sera suivie d’un pot de thèse qui sera l’occasion d’échanger ensemble de manière conviviale.