Séminaire du programme Religions et sociétés en Asie – Lei Yang et Stamatis Zochios

La prochaine réunion du séminaire du programme «Religions et sociétés en Asie » aura lieu : le vendredi 16 juin 2023, 10h-12h.

Intervenants

LEI Yang (INALCO, GSRL) : « Les cloches « hantées » dans la littérature de tradition orale chinoise : sacrifices humains, objets animés et imagination auditive » Stamatis ZOCHIOS (Academy of Athens, GSRL) : « Possédés et exorcistes dans le monde orthodoxe : une première lecture »

Discussion

Alfonsina BELLIO (EPHE, GSRL)   Format hybride : En salle 5.067, Campus Condorcet, Bâtiment de recherche nord, 14 cours des Humanités, 93322 Aubervilliers. Le lien visio : https://meet.goto.com/378609293   Résumés : Les cloches « hantées » dans la littérature de tradition orale chinoise : sacrifices humains, objets animés et imagination auditive LEI Yang (Inalco) Dans la littérature orale chinoise, nombre de récits relatent une personne qui se jette dans le métal en fusion pour aider les fondeurs à couler une cloche. Alors que les études existantes ont eu tendance à interpréter ces récits à partir des difficultés techniques et sociales auxquelles étaient confrontés les artisans, cet article pose la focale sur le rôle joué par un objet animé dans l’établissement des relations entre les vivants et les sacrifiés. L’analyse des variantes écrites et orales de ces contes montre que les personnes qui se sacrifient peuvent revenir et s’incarner dans les cloches fondues grâce à leur mort, sans pour autant apparaitre sous une forme anthropomorphe. Ces cloches « hantées » émettent des sons étranges que les vivants cherchent à interpréter ou à modifier afin d’ajuster leurs relations sociales avec les victimes, invisibles, mais audibles. Les contes populaires font des cloches les « supports d’existence » des sacrifiés qui cherchaient à établir des contacts sensoriels avec les vivants. Les narrateurs profitent d’un même fil conducteur, les étranges sons de cloche, pour relier différentes représentations des croyances et des pratiques religieuses liées à la mort en général, ou au sacrifice humain en particulier, qu’il s’agisse de la fabrication des objets animés, de la divinisation d’un mort, ou des rituels exorcistes. Ces récits oraux rappellent à leur public que les imaginations auditives liées aux cloches « hantées » découlent d’un même sentiment complexe des vivants qui ne veulent pas oublier les sacrifiés, tout en craignant d’être mis en danger par eux.   - Possédés et exorcistes dans le monde orthodoxe : une première lecture Stamatis Zochios (Academy of Athens) La présentation tentera une sorte d'introduction à la question de la possession et de l'exorcisme dans l'orthodoxie moderne. Ce phénomène n'a peut-être pas atteint les dimensions qu'il a atteintes dans le catholicisme, mais néanmoins c'était et c'est toujours un processus important de la tradition orthodoxe. Après une brève référence à la période byzantine qui pose les bases des développements ultérieurs, nous étudierons comment les enjeux spécifiques se traduisent dans les textes et les pratiques de la période plus récente, définissant un modus operandi particulier : l'exorcisme peut être pratiqué exclusivement par un prêtre orthodoxe (il n'existe cependant pas d'ordres d'exorcistes), à l'aide de textes bien précis, alors que le possédé présente une pathologie particulière. Après avoir donné le contexte général de l'exorcisme, nous étudierons des cas des 50 dernières années (de Roumanie, de Grèce et de Russie). Les conclusions spécifiques qui émergeront de l'examen de la relation entre les possédés et les exorcistes, nous permettront de mieux comprendre certaines dimensions de la relation entre le peuple et le clergé. Au final, notre objectif principal n'est pas seulement d'esquisser une image de l'exorcisme dans l'orthodoxie, mais aussi de répondre dans quelle mesure le phénomène de l'exorcisme appartient à l'orthodoxie populaire ou officielle et comment il est perçu par le peuple et le clergé.